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Les enjeux de la PMA


Introduction de Claude Henrion et remarquable conférence d'Alexandra Henrion-Caude sur les enjeux de la PMA,

un article publié sur le blog de Claude Henrion
:
Lorsque les menaces sont immenses, le danger disproportionné ou les enjeux gigantesques, il m'arrive de faire appel à des personnalités nettement plus qualifiées que moi pour traiter un sujet (Jean Raspail à plusieurs reprises). Le sujet dit “PMA pour toutes” (et ses ramifications inévitables) mal traité par nos politiciens incompétents, est devenu un enjeu politique et électoral : pour satisfaire (peut-être) une très petite minorité, on prend le risque de détruire l'Histoire de l'Humanité… Or c'est d'abord un sujet scientifique avant d'être moral, métaphysique et législatif, et j'ai donc demandé à l'une de mes filles, Alexandra Henrion-Caude (directrice de recherche à L'INSERM) de partager le texte (ramené aux dimensions de ce Blog, hélas) d'une conférence qu'elle a faite la semaine dernière à Lyon devant 400 (chiffre de la police) ou 2000 personnes (chiffre donné par Famille Chrétienne). Le mot “Conférence” explique que ce texte soit plus long que notre “format” habituel. Mais le sujet est si important qu'il vaut bien un ‘’sacrifice’’. Personne, et en tous cas pas les médias, n'a dit ce que vous lirez sur cette loi, après des mois de “débats’‘ !

Avant de commencer, un mot sur le titre : BIENVENUE A GATTACA est le titre d'un film à succès, de type ‘‘thriller eugéniste’’ : dans un futur proche, la société pratique l'eugénisme à grande échelle, et les gamètes des parents sont sélectionnés afin de concevoir in vitro des enfants quasi parfaits. Le hasard a disparu, la sélection des gamètes est devenue la norme. On choisit sa progéniture comme sur un menu. Fille ? Garçon ? Yeux bleus ? 1 m 90 ? Et on enlève toutes les prédispositions gênantes : à l’alcoolisme, la violence et à la dépression aussi, tant qu’on y est. La discrimination génétique est interdite, bien sûr, mais qui la respecte ? Malgré l'interdiction officielle, les entreprises recourent à des tests ADN discrets afin de sélectionner leurs employés, et les personnes conçues naturellement se voient reléguées à des tâches subalternes. Le Pr Jacques Testart, “père” du premier bébé-éprouvette français, écrivait en 2014 : “Sauf imprévu, tous les enfants devraient être choisis dans les éprouvettes des biogénéticiens bien avant la fin de ce siècle’’. Le futur a déjà commencé…

‘‘BIENVENUE A GATTACA” par le Pr Alexandra Henrion-Caude

Pourquoi nos media ont-ils restreint cette loi à un simple positionnement par rapport à la question de la ‘‘PMA pour toutes’’ ? Cette loi est beaucoup plus vaste, et nous fait rentrer de plein pied dans le monde cauchemardesque de ‘‘BIENVENUE A GATTACA’’.

Réveillons-nous, bougeons-nous, alertons nos amies, les femmes en désir d’enfant, mariées, seules ou en couple, homosexuelles ou pas, car cette loi va leur faire endosser la responsabilité d’un cauchemar de science-fiction, mais pourtant BIEN REEL, puisque elle nous ferait entrer dans le monde d’une PARA-HUMANITÉ, une mascarade maquillée en paradis pseudo-égalitaire et qui n’est autre que l’enfer tel qu'Aldous Huxley le décrivait dans “Le Meilleur des Mondes”.

Telle un menu, cette loi déroule à travers ses 33 articles :

1- En apéritif : la proposition de faire prélever et de conserver les gamètes des jeunes adultes français SANS QU'IL Y AIT BESOIN D’UNE INDICATION MEDICALE, ce qui veut dire que leur descendance sera prise, extraite et stockée, sous la responsabilité de l’Etat… “Big Brother”, alias l’Etat-Tout-Puissant, s’occupera désormais de la descendance des français, et aura main-mise sur ces gamètes. On se demande ce qu'il restera du “droit des femmes à disposer de leur corps’’ ! Avec cette loi, l’Etat-Protecteur se transforme en Etat-Géniteur… Mais qui en parle ? Des gamètes prélevés sous la responsabilité de l’Etat ? Pardonnez-moi cette digression certainement mal venue mais quand on voit l’état du patrimoine immobilier sous la responsabilité de l’ETAT (je pense entre autres à Notre Dame de Paris), on ne peut que trembler.

Le stockage des spermatozoïdes a des conséquences terribles comme on le voit dans les pays où cette folie est pratiquée, où des donneurs se retrouvent père de centaines d'enfants, comme en Hollande. En France, il n’y a qu’un pas qui nous sépare de ces tristes records de descendance démesurée, qui posent notamment le problème de consanguinités inconnues. Mais qui en parle ? Pour les femmes, le traitement hormonal comporte tellement de risques et d’effets secondaires, qu’on se demande pourquoi on n’en entend pas plus parler.

2- En entrée ? L’Etat systématise le tri d’embryons, au moyen d'un diagnostic pré-implantatoire sur une liste de critères qui ne sera pas présentée aux français, mais aménageable par le Ministère de la Santé. On est là en plein dans le fantasme du bébé à la carte, ce qui est très difficile à imaginer dans ses conséquences, tant cela semble abstrait… Et pourtant, ce tri concerne déjà plus de 300 000 embryons stockés à -196°C, selon des chiffres de 2016.

Ailleurs, il existe déjà des “tris’’ qui sont faits sur le sexe, mais aussi sur la petite taille, ou sur le strabisme, ou parfois pour que les enfants soient porteurs des mêmes handicaps que leurs parents. “Trier”, cela veut dire détruire la vie de ces embryons… qui sont, vous le savez, VOUS, ou MOI, ou ceux qui vivent avec un handicap, ceux dont le courage nous stimule à nous dépasser comme eux se dépassent.

Quelle est la liberté de la mère face à ce tri ? A mon avis AUCUNE. Et je sais de quoi je parle ayant eu moi-même à subir la pression du corps médical alors que je refusais de faire les examens sur l’enfant que je portais et qu’on suspectait à tort anormal. Mais tout cela n’est pas surprenant compte-tenu du fait qu’en France nous détenons déjà le triste record du monde de la sélection pré-natale - je dis “sélection” et non “diagnostic” car c’est bien pour proposer une interruption médicale de grossesse, que la loi supprime le délai de réflexion qui était d’une semaine.

3- En plat de résistance ? Les parents auront le choix, entre supprimer leurs embryons ou les donner à la recherche…. En les donnant à la recherche, leur sort est poussé plus loin puisqu’on les laisse se développer in vitro jusqu’à 14 jours, date à laquelle l’embryon humain est d’habitude bien niché dans l’utérus de sa mère depuis plus d'une semaine. Il est d'ailleurs déjà visible à l’œil nu, son cœur est formé et les tissus qui permettent le dessin du visage sont en déjà en place. Mais il est voué à la recherche. Là, par simple déclaration, je peux, en tant que chercheur, utiliser cet embryon (anciennement “votre” embryon), pour créer des gamètes artificiels de vous, sur lesquels vous n’aurez plus de droit, car vous l’avez donné à la recherche.

Par cette loi, je peux créer des embryons transgéniques (que j’avais désignés, dans une tribune du Figaro “des Humains Génétiquement Modifiés”, les HGM, ou les bébés OGM). Mais je peux aussi créer des embryons chimères homme-animal. Cela se fait dans d’autres pays, et cela pourra désormais se faire en France, sans que ne réagisse. Quant au clonage, la porte est déjà ouverte depuis 2004 mais elle devrait logiquement s’ouvrir très largement par ce nouvel accès facilité à davantage d’ovocytes. Tout cela du fait de cette loi bioéthique…

Je vous le demandais, en préambule, alertons les femmes car elles pleureront lorsqu’elles réaliseront le cauchemar qu’on leur a fait endosser par cette fausse promesse du “pour toutes’'…. Et nous pleurerons avec elles sur cette para-humanité dont je vous parlais et que – PAR NOTRE PASSIVITE – nous aurons laissé voter, institutionnaliser pour nos enfants à naître… ou pas…

Devant nos yeux, se met en place ce que chaque homme et chaque femme qui ont vécu sur cette Terre, depuis la nuit des Temps, anticipaient intuitivement : la peur des chimères homme animal, si présente dans la mythologie de toutes les cultures et la peur du clonage, tout aussi présente. Ces terreurs ancestrales sont à mettre en perspective de l’énorme avancée dans la civilisation qu’avait pourtant été la compréhension que aucun être humain ne pouvait être l’esclave de l’autre. Ni un homme. Ni une femme. Ni un enfant.… Mais… ni un embryon !

4- En dessert : l’institutionnalisation des techniques d’assistance à la reproduction, qui deviennent un moyen de reproduction comme un autre… ou pardon mieux qu’un autre. EXIT toute indication médicale. Nous ne sommes plus dans le soin, ni dans la prévention, ni, d’ailleurs, dans la médecine. Tout cela est remboursé et présenté comme de l’augmentation de nos capacités, qui justifie de passer outre tout ce mépris pour l’enfant à naître, qui se retrouve réduit à un OBJET que l’on désire posséder hic et nunc.

La PMA ‘‘pour toutes” (ou pas “pour toutes”, d’ailleurs), passe totalement sous silence les problèmes de santé publique que posent pourtant ces techniques :
- sur la femme, et les risques que lui font courir le traitement hormonal de choc qui lui fait “pondre” l’équivalent d’un an de cycles menstruels, sans certitude de réussite, et sans la prévenir du possible traumatisme qu’elle va vivre.
- sur le couple : un impact psychologique connu sur la vie sexuelle des couples, sur la diminution du désir, attribué à l’intrusion du médical dans leur vie sexuelle.
- sur leur vie relationnelle, qui se retrouve bousculée avec un sentiment d’abandon du conjoint comme des amis proches qui ne peuvent pas comprendre.
- sur l’enfant, des maladies épigénétiques et de certains types de cancers, mais aussi sur leur capacité future à avoir eux-mêmes des enfants, naturellement. Car ces enfants seront pour beaucoup d’entre eux infertiles. Ce n’est pas moi qui vous le dis, c’est un des plus grands experts en biologie reproductive de l’Université de Newcastle en Australie.

Sans que personne n’ose le dire, la PMA représente un véritable enjeu de santé publique.

Enfin, et AUCUNE illusion n’est permise à cause des principes d’égalité qui sont les nôtres, la PMA pour TOUTES ne peut pas se concevoir sans PMA pour TOUS, le défaut d’utérus des hommes ayant pour double conséquence :
- le développement accéléré d’utérus artificiels. Dans le monde, la compétition scientifique à développer cette prouesse technique est déjà en route. On sait d'ailleurs déjà assurer les tout-débuts et les fins d’une gestation.
- le recours à la location d’utérus de femmes nécessiteuses, la fameuse GPA (gestation pour autrui). Comme le dit joliment Sylviane Agaczinski, “On n’a encore jamais vu une femme riche porter un enfant pour un couple commanditaire plus pauvre”…

Amis lyonnais qui connaissez si bien le théâtre de Guignol, vous voyez se jouer devant vos yeux, une triste pièce où l’habile Guignol se joue de nos pauvres députés, devenus ses marionnettes. En acceptant ce rôle de marionnettes, nos députés doivent comprendre qu’ils seront responsables devant leurs enfants, lorsque ceux-ci leur demanderont des comptes… le spectre de millions de futurs Greta Thunberg, qui permet d’anticiper de futurs procès internationaux.

Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs,
Les lois concernant la “bioéthique devraient avoir pour but d’encadrer le développement de ce progrès pour protéger les droits fondamentaux de la personne”. Le projet de cette loi digne de GATTACA n’encadre pas, il supprime des interdits en ne créant aucun système de surveillance. …
Tremblez, si vous votez ce projet de loi qui n’est pas “bio-éthique” : il n'est ni l'un, ni l'autre. Tremblez, car votre vote risque d'ouvrir la boite de Pandore, que nul ne pourra jamais refermer… Tremblez de honte, car vous aurez effacé à jamais le mot “FRATERNITE” de la devise républicaine. Tremblez par avance de n'avoir pas répondu “Présent” le jour où l’Histoire et l'Humanité attendent de vous un courageux sursaut de conscience et de sens des responsabilités.

Et pour finir sur une note positive… OUI il y a d’autres perspectives :

- En exigeant – d’un point de vue juridique – le strict respect et la parfaite conformité de cette loi par rapport aux conventions internationales que sont : la convention internationale des droits de l’enfant, la convention d’Oviedo et le Code de Nuremberg. N’est-il pas attendu que la France les respecte ?

- En levant le voile sur des vérités cachées aux français. Au lieu d’éduquer uniquement nos enfants sur les moyens de contraception et la PMA, pourquoi ne pas avoir une politique de lutte contre l’infertilité qui passe par éduquer sur leur fécondité et l’importance de l’horloge biologique. Et si ce n’est pas l’école, leur dire qu’à 30 ans, leur fertilité aura chuté de moitié par rapport à celle qu’elles avaient à 25 ans. Dites-leur que 40% des femmes qui ont une FIV ont plus de 35 ans ! Et dites-leur qu’en ayant des rapports tous les 3 jours pendant 1 mois, on passe d’une infertilité quasi-totale à 15 à 20% de chances de grossesse…. soit les mêmes taux de réussite qu’une PMA qui aurait été réalisée dans des conditions idéales !

- En refusant l’adage qui prétend que la famille française a changé, alors que les chiffres de l’UNAF parlent d’eux-mêmes : 75% des 18 millions de famille recensées en France ont un mode de vie où les enfants de moins de 18 ans vivent avec leurs deux parents.

- En ayant un Etat responsable qui aurait à cœur d’instituer une surveillance et une vigilance sur les enfants issus de PMA, qui n’existe même pas en France alors qu’elle existe dans les autres pays.

- Enfin, en laissant éclater qu’il n’existe pas d’enfant parfait et que par chance, nous sommes TOUS profondément mutés. Car oui, la bonne nouvelle c’est qu’il n’existe ni un référent génomique d’un génome normal, ni un référent humain, d’un homme dit “normal”.

Aujourd'hui nous ne nous attendons pas à ce que le gouvernement soutienne notre point de vue, puisqu’au lieu de rassembler, il a choisi de légiférer en ne tenant aucun compte de la voix des français. Mais j’espère que CHACUN, CHACUNE prenne SANS ATTENDRE conscience de sa responsabilité devant l'Histoire, face à ce rendez-vous auprès de l'Humanité.

Alexandra Henrion-Caude.
Pcc, H-Cl.